Une annonce un peu prématurée fait croire qu’un anticorps monoclonal destiné à faire
chuter l’immunité serait efficace contre le COVID : de quoi alimenter la
polémique entre les tenants des antiviraux et ceux qui préconisent la
chloroquine ! Ce n’est pas un antiviral et il ne guérit absolument pas du
COVID ! Tout ce qu’on peut espérer si l’étude est bonne, c’est qu’il évite
une aggravation majeure. Mais on peut en douter.
Il s’agit en fait d’une pré-étude clinique qui ne porte que
sur les formes sévères de la maladie. Les chercheurs ne cherchaient pas à
prouver la guérison mais simplement à limiter les risques d’aggravation. En
effet, comme dans tout essai clinique et afin de valider une indication
thérapeutique on va évaluer un critère principal et un
critère secondaire.
On pourrait s’attendre à ce que le critère principal soit la
guérison des malades : Or, ce n’est pas le cas. Le critère principal choisi - et
je cite- est : « le besoin de ventilation (mécanique ou non
invasive) ». Autrement dit, on cherche à savoir si ce médicament empêche
les patients d’avoir recours à une ventilation. Il ne traite pas du tout la
maladie, il pourrait simplement en réduire le risque évolutif.
Ce qui est surprenant c’est que des journalistes en déduisent qu’il soigne
la maladie !
On peut se poser aussi des questions sur les traitements associés qui ont
fait partie de l’étude. Puisque on ne précise pas quels sont ces traitements.
Elle porte en fait sur 65 patients qui ont eu un
traitement habituel associé au tocilizumab (c’est le nom de ce médicament - j'avais d'abord cru lire toxicolizumab)
comparé à 64 autres patients avec le traitement habituel. La conclusion n’a
donc porté que sur le critère de jugement principal, la ventilation :
celle-ci aurait été nécessaire chez une proportion significativement plus
faible de patients pour ceux traités au tocilizumab.
En conclusion, on peut simplement dire que ce produit immunosuppresseur
combat les réactions immunitaires de l’organisme. C’est logique si l’on prend
pour hypothèse que c’est la réaction trop forte du système immunitaire qui
cause l’aggravation. Mais il ne s’agit là que d’une hypothèse.
En tout cas ce médicament n’est pas un antiviral et il ne protège pas de la
plupart des complications liées au virus. Et il est anormal d’avoir fait une
campagne publicitaire pour faire croire à son efficacité en donnant de faux
espoirs aux malades. Espérons simplement qu’il évite effectivement le passage
en ventilation assistée.
Quoi qu’il en soit, vu ses effets secondaires, ce produit n’est pas indiqué
dans les formes légères : car il peut favoriser des infection des voies respiratoires supérieures (plus
de 10% des patients), rhinopharyngite (rhume), maux de tête, et une pression
artérielle élevée (au moins 5%), des perforations gastro-intestinales (0,26%)
et l'anaphylaxie (0,2%) [16].
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire